La réalité virtuelle, comme la réalité augmentée, est un domaine en pleine expansion où les opportunités semblent infinies. Nous avons pu interviewer Robert Codron, spécialiste du domaine. Il nous a fait part de ses éclairages et de ses convictions : quel est l’état du marché ? Quelles sont les perspectives à court et moyen terme ? Est-il encore temps de créer sa startup dans le domaine ?
Il y a souvent confusion entre réalité virtuelle et réalité augmentée. Quelles sont les principales différences ?
Effectivement, il est fréquent que des personnes ne connaissent pas la différence, voire ne connaissent pas du tout ces technologies. Pourtant l’une comme l’autre vont certainement modifier notre façon de travailler, de jouer, et même de vivre.
Lorsque l’on parle de réalité virtuelle, on parle d’un monde complètement créé. Un casque (le plus souvent) vous immerge totalement dans un environnement nouveau, il peut s’agir d’une simple pièce, d’une maison, d’un immeuble, mais aussi un univers complet.
La réalité augmentée de son côté s’incorpore dans le monde réel en y ajoutant des choses virtuelles, cela peut être un panneau publicitaire, votre chemin vers votre rendez-vous qui est tracé devant vous ou encore un petit animal fantasque qu’il vous faut attraper.
La distinction entre réalité virtuelle (RV) et réalité augmentée (RA) est donc essentielle, bien que ces deux technologies partagent des similitudes. Voici les principales différences :
- Réalité Virtuelle (RV):
- La RV plonge les utilisateurs dans un environnement entièrement numérique, généré par ordinateur.
- Elle utilise des casques spécifiques, tels que l’Oculus Rift ou le HTC Vive, pour créer une immersion totale dans un monde virtuel en trois dimensions.
- Les capteurs de mouvement et les contrôleurs permettent à l’utilisateur d’interagir avec cet univers.
- Exemples d’applications : jeux vidéo, simulations d’entraînement, visites virtuelles d’espaces architecturaux.
- Réalité Augmentée (RA):
- La RA enrichit le monde réel en superposant des éléments virtuels.
- Elle fonctionne via la caméra d’un smartphone, d’une tablette ou de lunettes spéciales.
- Les informations en surimpression peuvent inclure des objets 3D, des annotations ou des indications de navigation.
- Exemples d’applications : affichage tête haute dans les voitures, applications de mesure, jeux comme Pokémon Go.
En résumé, la RV crée un monde virtuel isolé, tandis que la RA améliore notre perception du monde réel en y ajoutant des éléments numériques. Alors que la RV peut être fascinante, elle peut aussi entraîner un isolement, tandis que la RA offre des possibilités plus interactives et contextuelles. Cet article de futura science résume bien les différences entre ces notions.
Le grand public peut-il déjà faire l’expérience de la réalité augmentée ou virtuelle ?
Si vous vous souvenez, il y a une vingtaine d’années, il existait déjà des casques de réalité virtuelle, mais cela n’a pas décollé, car les coûts inhérents à l’achat du casque et de la machine étaient importants.
Dans le domaine de la réalité virtuelle, on peut penser par exemple :
- Aux casques de jeux : Les casques de RV, tels que l’Oculus Quest, le PlayStation VR et le Valve Index, sont de plus en plus abordables. Ils offrent des expériences immersives pour les jeux, les simulations et les films.
- A certaines applications professionnelles : La RV est utilisée dans la formation médicale, l’architecture, la conception automobile et l’industrie aérospatiale. La RV révolutionne la formation, la conception et la pratique dans ces domaines, offrant des avantages tels que la répétabilité, l’immersion et l’amélioration des compétences.
- Chirurgie : Les chirurgiens s’entraînent sur des modèles anatomiques virtuels pour perfectionner leurs compétences en chirurgie laparoscopique et minimale invasive.
- Diagnostic : La RV permet aux étudiants en médecine de simuler des consultations avec des patients virtuels, améliorant leur capacité à poser des diagnostics précis.
- Conception de bâtiments : Les architectes utilisent la RV pour visualiser des projets en trois dimensions, permettant des ajustements avant la construction réelle.
- Design automobile : Les ingénieurs automobiles testent des prototypes virtuels pour évaluer l’aérodynamisme, la sécurité et l’ergonomie.
- Formation des pilotes : Les pilotes s’entraînent sur des simulateurs de vol RV pour acquérir des compétences en vol et en gestion d’urgence.
- Maintenance des avions : La RV est utilisée pour former les techniciens de maintenance sur les systèmes complexes des avions.
- Au tourisme virtuel amélioré : Des entreprises proposent des visites virtuelles de destinations touristiques, comme les musées, les parcs nationaux et les monuments historiques.
La réalité augmentée n’est pas en reste, avec par exemple :
- Les jeux mobiles : Outre “Pokémon Go”, d’autres jeux en RA gagnent en popularité. “Harry Potter: Wizards Unite” et “Minecraft Earth” permettent aux joueurs d’interagir avec des éléments virtuels dans le monde réel.
- Les applications de navigation : Des applications comme Google Maps AR affichent des flèches de navigation directement sur la vue de la caméra de votre téléphone, vous guidant dans la vraie vie.
- Les essais de meubles et de vêtements : Des applications de RA vous permettent de visualiser des meubles ou d’essayer des vêtements virtuellement avant de les acheter.
Ces marchés sont déjà investis par de nombreuses entreprises, grandes ou petites…
Il est clair qu’aujourd’hui ces marchés ne sont plus des océans bleus bien au contraire. Il n’y a pas encore de saturation du marché, mais à part sortir un casque de réalité virtuelle ou de réalité augmentée à bas prix, ou encore un casque léger sans batterie, il n’y a guère d’innovation majeure qui permettrait de se sortir d’un marché déjà bien phagocyté par les plus grands du secteur. A contrario, je pense que dans les marchés de niche, mais aussi et surtout dans la fourniture de contenus, il y a une carte à jouer.
Ces derniers mois, les yeux ont été braqués sur Apple et la sortie du Visio Pro. Cette sortie a suscité un grand intérêt et des attentes élevées mais son succès dépendra de son adoption réelle et de l’expérience utilisateur. En effet, si le positionnement est ambitieux (Apple considère le Vision Pro comme un “ordinateur spatial” plutôt qu’un simple casque de réalité virtuelle), . Cette approche vise à toucher à la fois le grand public et les professionnels1. le prix fixé à 3499 $, en fait un produit très haut de gamme. Les analystes estiment aujourd’hui qu’Apple a vendu environ 180 000 unités pendant la période de précommande, générant plus de 600 millions de dollars de revenus. Cependant, son impact global sur les revenus de l’entreprise reste à voir.
Par rapport à la réalité augmentée, la réalité virtuelle présente des contraintes particulières…
Effectivement, et parfois pas des moindres. La VR peut rendre sérieusement malade des personnes, cela se traduit souvent par des nausées. On recommande aussi de ne pas faire porter ces casques à de jeunes enfants. Il y a aussi les porteurs de lunettes qui peuvent être gênés par le casque.
Quand il s’agit de réalité augmentée, j’ai coutume de dire « less is more » … L’AR demande en effet un soin particulier dans son UI et son UX car si vous assommez d’informations vos utilisateurs, vous allez obtenir l’effet inverse à celui escompté. C’est un peu comme à une époque où les médias mettaient des bandeaux d’informations ou de publicité, on finissait par ne plus voir le reporter ou le présentateur ! Ici, vous devez utiliser savamment la transparence, la superposition et tant d’autres astuces qui ne sont pas propres à l’AR et que l’on retrouve de plus en plus dans les applications web.
Quels sont les freins à l’adoption à grande échelle de la réalité virtuelle ou augmentée ?
Pour la VR, le coût d’accès pour des solutions intéressantes est encore réservé à une tranche aisée de la population. À l’inverse, l’AR est plus accessible : on peut en retrouver sur des smartphones par exemple. Dans les deux cas, si on souhaite avoir accès à du haut de gamme, les coûts deviennent vite prohibitifs pour le particulier, mais demeurent raisonnables pour une entreprise.
Le vrai point faible de ces technologies, c’est encore aujourd’hui le contenu. Elles souffrent du même mal que la 3D au cinéma ou à la TV : le manque de contenu.
Comment voyez-vous l’avenir du secteur ? Peut-on encore créer son entreprise dans ce domaine ?
On est loin d’un Eldorado, mais je pense que l’on peut se faire encore une belle place au soleil. Beaucoup de vecteurs ne sont pas encore exploités sur les deux technologies. Celui qui fournira une solution pour faciliter la création de contenu sera comme celui qui a fourni aux imprimantes 3D le fil qui a permis de faire des objets imprimés. Il sera indispensable, indissociable et connaitra le succès.
« Samsung par exemple se lance dans la conception de lentilles pour la réalité virtuelle »
Pour le reste, hormis si vous avez une technologie révolutionnaire qui permet de se projeter dans un univers en VR sans casque et qui ne donne pas la nausée, je pense que le marché est déjà encombré par les grands et se faire une place sera comme de jouer aux équilibristes sur une corde en feu à 100 m de haut. Le contenu est là où il faut aller : il faut être innovant dans l’expérience et dans la scénarisation.
Pour l’AR, la gamification du monde réel est à mon avis un axe intéressant. Je rêve toujours d’une application qui me plonge dans un jeu à la Mario ou un jeu de survie de zombie pendant mon footing. Mais cela demandera le développement de lunettes légères avec une bonne autonomie et solide comme une action cam. C’est certainement pour cela que de grands constructeurs envisagent la conception de lentilles de contacts qui permettraient de répondre à ce type d’envies…
3 commentaires sur “Réalité virtuelle, réalité augmentée, quelles opportunités ?”
Bonjour,
Merci pour votre article.
Les marchés de la réalité virtuelle et de la réalité augmentée sont des territoires en plein expansion. Effectivement comme vous le soulignez, bon nombre d’entreprises se sont déjà implantées sur ce créneau. Des géants tels que Facebook peinent encore à s’imposer.
Cependant les opportunités sont nombreuses, il y a encore tant à faire et à développer. Chacun est susceptible d’y trouver son compte. C’est un marché encore tout nouveau, et nous ne pouvons que penser que la fin d’année 2017 sera décisive !