Voilà, vous dirigez une entreprise ou êtes responsable de l’innovation et vous pensez devoir vous engager dans l’innovation ouverte. Mais comment faire ? Vous savez que l’Open Innovation peut vous aider à être plus créatif, à détecter des innovations, à concevoir de nouveaux produits et tous vos concurrents semblent s’y être mis. Mais vous n’avez aucune idée des premières étapes à engager. Tous les jours apportent leurs lots de contraintes et d’urgence : les clients à convaincre, les litiges, les problèmes de production et de qualité, alors est-ce vraiment le bon moment pour consacrer des ressources à cette mode de l’open innovation ? [spoiler alert] Malgré ces contraintes, il pourrait être bon de s’y mettre vite !
C’est quoi l’innovation ouverte ?
A la fois une tendance de fond incontournable depuis des années maintenant, et un mot tarte à la crème utilisé pour légitimer des initiatives fumeuses à base de partenariats inutiles avec le plus de laboratoires et de pôles ou d’inauguration « d’innovation centers » lancés à grands renforts de petits fours et de relations presses.
Comme « la laïcité ouverte », l’innovation ouverte fait partie de ses mots dont la fortune (et l’aspect douteux) vient du fait qu’ils se légitiment eux-mêmes. Qui pourrait préférer l’innovation fermée à l’innovation ouverte ?
L’expression open innovation a été créée par Henry Chesbrough, professeur et directeur de ce qui était le Center for Open Innovation à Berkeley et qui est devenu le Garwood Center for Corporate Innovation. Elle a été publiée dans un article de 2003 qui a fait date : « Open Innovation: The New Imperative for Creating and Profiting from Technology ».
L’idée qui sous-tend l’expression « innovation ouverte » est que les évolutions des contraintes technico-économiques dans les années 80 ont rendu inévitable le changement dans la façon d’innover. Jusqu’aux années 1960-70, les entreprises (et en particulier les grandes) avaient les moyens et les ressources pour innover « en interne ». C’était l’époque où l’économie était tirée par la demande et où les innovations développées dans le secret de centres de recherche trouvaient leur marché après des années de développement dans l’ombre.
L’innovation ouverte fait partie de ses mots dont la fortune (et l’aspect douteux) vient du fait qu’ils se légitiment eux-mêmes.C’était une époque où l’idée même du partenariat entre entreprises et a fortiori entre concurrents paraissait incongrue. Les efforts portaient sur l’élaboration de brevets et, surtout, les secrets industriels. Pour protéger une innovation, il fallait la garder secrète le plus longtemps possible. La circulation des idées et des innovations entre entreprises étaient incomparablement plus faible qu’aujourd’hui. Les entreprises étaient réticentes à la perspective d’incorporer des idées provenant de l’extérieur et voyaient d’un très mauvais oeil qu’une entreprise concurrente ou même d’un autre secteur s’inspire de ses propres développements ou innovations.
Ce qui explique le succès de l’innovation ouverte
Avec l’économie de l’offre, l’intensification concurrentielle et la complexification technique et juridique de l’environnement des entreprises, il leur est devenu très difficile d’innover en utilisant leurs seules ressources. Il faut donc coopérer et échanger. Cela permet en outre de mieux valoriser des innovations ou des résultats obtenus qui ne sont pas intéressants immédiatement (parce qu’ils n’entrent pas dans le core-business ou la stratégie de l’entreprise par exemple). C’est ce qu’on retrouve dans le schéma ci-dessous (licenses, royalties, spin-off, …).
La limitation des coûts
Les produits et les services n’ont jamais été aussi complexes. Ils nécessitent des compétences dans un nombre de domaines sans cesse croissant. Pour innover, l’entreprise doit donc s’ouvrir sur son environnement pour espérer bénéficier des ressources quasi-illimitées qui sont situées à l’extérieur, dans l’environnement.
Les budgets alloués à l’innovation ne sont pas infinis. Ils subissent les mêmes contraintes que toutes les autres dépenses de l’entreprise. L’innovation ouverte peut être vue comme un moyen d’innover en limitant les coûts car les efforts sont répartis sur plus d’acteurs et parce que cela peut accélérer le rythme de développement de l’innovation.
La limitation du risque
Une des raisons qui expliquent le succès de l’innovation ouverte est la limitation du risque inhérent à toute démarche d’innovation. En multipliant les partenariats ou en lançant des « concours d’innovation », l’entreprise limite les ressources consacrées à des démarches qui peuvent se révéler infructueuses.
L’émergence de l’innovation ouverte a fait évoluer le droit de la propriété intellectuelle. Là où l’objectif précédent était principalement d’empêcher les concurrents d’une entreprise de venir sur ses plate-bandes, il est maintenant de favoriser la coopération à travers des outils juridiques adaptés et sécurisants pour toutes les parties.