Nous poursuivons notre série d’articles consacrée à des startups et à l’analyse de leur modèle économique en parlant aujourd’hui de « Sencrop ». Aujourd’hui, le cas de l’entreprise Sencrop, startup des Hauts-de-France au succès fulgurant. Cette étude de cas est proposée par Emma Coussemacq.
Le contexte
Sencrop est une entreprise créée en 2016 par Martin Ducroquet et Michael Bruniaux. Celle-ci est basée à Euratechnologies (Lille, France) qui est le 3ème accélérateur européen de start-up et que vous connaissez bien si vous êtes un lecteur des Cahiers de l’Innovation. Sencrop développe des solutions connectées, accessibles et collaboratives pour les agriculteurs d’aujourd’hui. Autrement dit, la société développe des stations météo et notamment un pluviomètre et un anémomètre connecté.
Avec la station météo Sencrop, il est possible de vérifier les données météo via une application dédiée, à n’importe quel moment et n’importe quel endroit. Le but est aussi d’avoir un meilleur impact sur l’environnement. Les stations météos connectées existaient déjà avant Sencrop mais elles étaient très chères et surtout très complexes. L’idée des deux co-fondateurs est venue de là, de la volonté de proposer sur ce marché des produits faciles d’utilisation. Le milieu de l’agriculture est particulièrement impacté par les nouvelles technologies mais le manque de ressources et de familiarité avec ces technologies rendent leur adoption parfois difficile.
Leur objectif est donc celui de démocratiser ces outils, en créant des stations autonomes et fiables complétées par une application très intuitive. L’un des facteurs de réussite était d’avoir un prix plus accessible afin d’avoir une communauté d’utilisateurs plus importantes. Sencrop a donc répondu à des besoins du marché local : l’entreprise aide les agriculteurs à prendre de meilleures décisions sur les actions à amorcer ce qui leur permet d’avoir de meilleurs rendements. Mais elle les aide également à anticiper les maladies et à prévoir leur évolution. C’est donc un énorme gain de temps et d’argent pour les agriculteurs.
Qu’est-ce que Sencrop apporte de nouveau ?
A ses clients et utilisateurs ?
Le métier d’agriculteur a toujours été très difficile mais il est devenu également très complexe. Nombreux sont ceux qui croient que les nouvelles technologies pourront les aider à faire face et à améliorer productivité, revenus et qualité de vie au travail.
Ce que l’entreprise apporte de nouveau à ses clients c’est une station agro-météo connectée accessible à tous grâce à un prix défiant toute concurrence. De plus, il est possible d’avoir accès aux données des stations météos voisines, ce qui peut être intéressant selon la position des parcelles qui peuvent être parfois disposées à différents endroits comme par exemple sur différentes communes. Et enfin, Sencrop fonctionne à l’aide d’un algorithme extérieur à l’entreprise, et à un réseau bas débit qui permet la transmission de données sans intervention humaine. Cela permet d’avoir un réseau cellulaire bas débit et économe en énergie. Ils sont les seuls à utiliser de façon aussi fiable cette technologie.
En termes de différenciation concurrentielle ?
L’avantage concurrentiel principal de Sencrop est le prix : ils ont la solution la plus complète avec les tarifs les moins chers. Ça leur permet d’abaisser le pouvoir de négociation des clients. Cependant, lorsqu’ils sont face à des grosses coopératives, le rapport de force se rééquilibre car ces dernières achètent dans de très grandes quantités.
Le potentiel économique de Sencrop
Le secteur agricole en France doit faire face à de nombreux enjeux majeurs, aussi bien sur le plan environnemental que sur les plans économique, social ou sanitaire. Il est urgent de changer le système agricole français au profit d’un modèle plus durable permettant de nourrir la population, mais sans oublier de faire vivre les producteurs dignement, de réduire notre dépendance aux énergies fossiles et de développer les énergies renouvelables. Le potentiel de l’agriculture numérique est important dans de nombreuses filières et à plusieurs niveaux de la chaîne de valeur agricole. Le numérique représente un véritable accélérateur de changements positifs pour le secteur. L’arrivée du numérique dans les exploitations agricoles permet ainsi de mettre en place une agriculture de plus en plus pilotée par la donnée, de connecter les agriculteurs entre eux, de collecter des données dans les parcelles grâce à des capteurs plantés dans le sol ou posés sur le tracteur, d’automatiser certaines tâches pénibles par des robots autonomes, de photographier les champs depuis un drone ou un satellite, d’analyser ces données grâce à des outils d’aide à la décision, de réduire les risques grâce au big data…
Cette nouvelle vague qu’on surnomme l’AgTech est souvent considérée comme une véritable révolution agricole. C’est pourquoi Sencrop mise sur l’agriculture numérique avec son pluviomètre et son anémomètre connecté, ces outils permettent d’avoir des informations sur l’état des sols (humidité, température..) et ainsi prévenir les maladies.
En termes de concurrence, il faut savoir que Sencrop détient 50% à 60% du marché français et il y a notamment deux concurrents directs qui se partagent le reste : Weenat et Météus. La seule différence entre ces trois sociétés est leur positionnement, ainsi que la richesse du maillage dont dispose Sencrop avec une remontée d’informations plus riche que ses concurrents. Weenat se positionne plutôt en milieu de gamme et Météus sur du haut de gamme. Il y a également un peu de concurrence indirecte.